samedi 27 mai 2017

Ramazan Mubarak.. Ramadan sacré




Heureux Ramadan pour tous, qu'il apporte dans nos cœurs sa bienfaisance sacrée, et nous tourne vers notre Doux Seigneur.

mercredi 3 mai 2017

Yaman Dede





Aujourd'hui, c'est le 55 ème anniversaire du passage dans l'Au-Delà d'une grande figure spirituelle du soufisme Mevlevî: Yaman Dede . D'une famille d'artisans dans le textile Grecque vivant sous l'empire Ottoman, il est né sous le nom de Diyamandi dans la ville de Kayseri, en 1887. Quand il a eu dix ans , ses parents ont migré dans la ville de Kastamonu. Il y fait ses sept annéesd'études jusqu'au Lycée, et en ressort dans les premiers. Ses Camarades lui donnent le surnom de "Molla intelligent (capable, efficient)", "Yamandî Molla".
Pourquoi lui a-t-on donné ce surnom, écoutons-en la raison de sa propre bouche: 
"Au collège, lorsque j'avais 13 ans en première année, des cours d'arabe et de persan avaient commencé. Même si j'aimais tous les cours, j'étais particulièrement épris, en même temps que de la littérature turque, des cours d'arabe et de persan. Nous étions au milieu de la deuxième année de collège.  Notre Maître (Professeur) de Persan, nous faisait étudier l'oeuvre de  Şeyh Sadi, Gülistan, le Jardin de Roses. De temps en temps il nous écrivait d'autres poèmes. Une fois, quelques distiques qu'il écrivit sur le tableau noir suffirent pour brûler mon coeur. Je me souviens de ces distiques comme si c'était hier. C'étaient les premiers distiques du Mesnevî:
"Écoute ! Le ney raconte son histoire.
Il se lamente" 
Le nom qui était écrit sur le tableau me paraissait bien plaisant. Les distiques lus m'ont profondément ébranlés. Quand au dernier distique , il m'a intérieurement complètement incendié. Je reste pauvre en mots pour décrire le feu d'amour qui a commencé à brûler à l'intérieur de moi."

Diyamandî, en étudiant avant tout le Mesnevî dans les cours de persan, en apprenant par coeur les distiques classiques ayant trait à l'Islam du Moyen-Orient, en apprenant, alors qu'il en était exempté en tant que non-musulman,  dans les cours de religion comme s'il était un musulman toutes les connaissances d'un catéchisme, la vie de l'Envoyé de Dieu, les fondements de la croyance,  devint avec l'amour qu'il avait à l'intérieur de lui un musulman sans s'en rendre compte. Il commença à écrire lui-même des Gazhels (Odes)et des Rubaï (Quatrains). Cependant, pour la société , ses camarades et sa famille, il resta considéré comme un chrétien.

Il commença, en même temps que des textes arabes, à apprendre par coeur des Hadith du Prophète. Les poèmes qu'il écrivait remplissaient les yeux de son professeur de persan de larmes. 

Il part à Istanbul pour poursuivre des études de droit, tout en continuant à prendre des cours particuliers d'arabe et de persan.  Il devient avocat fonctionnaire, et continue d'écrire et de de donner des conférences sur les différentes grandes figures spirituelles du Mevlevisme. Il accepte alors de vivre une vie de un musulman caché..

Il va très souvent à Konya, qui est "La Mecque des Amoureux". Désormais, il est un invité particulier pour la Cérémonie de Şeb-i Arus. Si quelqu'un venait à Istanbul en disant qu'il était originaire de Konya, il disait: " Alors, vous êtes de la ville de notre sultan!"... et l'invitait à venir chez lui, lui offrant l'hospitalité. 

Continuant à faire étudier l'arabe et le persan, il abandonne son état de fonctionnaire, et devient avocat libéral. Mais il est toujours un musulman caché. Il fait ses prières de namaz dans des mescid de quartiers reculés, il fait le  jeûne secrètement pendant le Ramadan, sa fille et sa femme ne sont pas au courant de sa croyance. "Pendant 40 ans j'ai fait le jeûne parfois sans faire le "Sahur" (repas avant l'aube), et sans "Iftar" (Repas de rupture du jeûne), mais ma famille ne l'a pas su!"

Le 15 Février 1942, il change de nom et s'appelle : Mehmet Abdülkadir KEÇEOĞLU , et déclare  en même temps sa religion musulmane sur sa carte d'identité.  Il a alors 55 ans.  C'est alors que sa famille a commencé à réagir d'une manière dramatique.

Il confie sa situation à sa femme et à sa fille dans sa maison d'üsküdar un soir d'hiver. On lui dit qu'il doit soit prendre la religion chrétienne, soit divorcer d'avec sa femme. Yaman Dede a pris une décision difficile mais déterminée. Il va quitter la maison, et vivre seul. Alors que dehors il y a de la neige jusqu'aux genoux, il rassemble sa famille et dit: "Ce que je vis est le prix à payer pour mon amour. Vous, surtout ne vous désolez pas. L'amour ne peut être sans peine. Je n'ai pas le droit de vous causer du tort. Que tout ce qui est dans cette maison reste pour vous. Adieu!".Il se met à marcher jusqu'à la prière de l'aube, et entre dans son cabinet d'avocat à kadiköy.  Parfois ,il est accueilli par ses amis et ses élèves. Selon sa propre expression, il est désormais libre.

Il entre dans un institut de hautes études en Islam pour des cours de persan, et devient le professeur  de persan de bien des notoriétés futures, telles que  Prof. Dr. Hayreddin Karaman, Prof. Dr. Bekir Topaloğlu, Prof. Dr. Emin Işık, Selahaddin Kaya, Osman Nuri Topbaş Hoca Efendi. Ces personnes racontent qu'ils n'ont pas vu deux personnes pleurant comme lui dès qu'il prononçait les mots: "Allah, Rasûlullah, Mevlana, Konya, Aşk " ..

Il écrit de nombreuses lettres à ses élèves proches, cela fit des textes précieux de dimension éternelle. Tous les lundis et vendredi il allait à la prière à Eyup, et disait "j'ai fait mon pèlerinage hebdomadaire", prenant cela très au sérieux. Lorsqu'il fut malade, Ali Kemal Belviranlı, et des amis venaient lui  rendre visite sur à son chevet, et  Ali Kemal Bey lui récitait  l'Ovation pour le prophète (Naat) "Tu es le Remède à mon coeur en feu" . Il commençait alors à sangloter fortement, puis il bondissait de son lit et se mettait à tourner, et sa deuxième femme Hatice Hanim de supplier: "S'il vous plaît, arrêtez, il ne pourra pas supporter cette extase, et fera une crise cardiaque!".
Il s'est remarié, mais n'a jamais délaissé sa première femme et sa fille à qui il envoyait régulièrement des cadeaux. En 1962 il était très malade, à 75 ans il était maigre et pâle comme un cadavre.Il passa dans l'Au-delà le 3 Mai 1962.Ses élèves des centaines d'amoureux l’accompagnèrent au cimetière de Karacaahmet.. 


C'est avec une grande émotion que je partage avec vous la vie de Yaman Dede qui me touche profondément.  Son amour, sa foi, sa constance et son courage sont un exemple qui m'inspire. Je suis née le 3 avril 1962, un mois avant sa mort. Il me plaît de me dire que nous avons vécu pendant un mois en même temps sur cette terre. A 55 ans, il décide de déclarer aux yeux de tous sa foi musulmane. J'ai maintenant 55 ans, et bien que je ne me cache pas, il me semble important de proclamer grâce à Notre Yaman Dede tout mon amour pour cette religion..Excusez ces notes un peu personnelles..c'est le  55ème anniversaire du jour de l'Union avec Le Bien-Aimé de notre Yaman Dede. J'espère pouvoir dire un jour comme lui:
 "Ma mort est un doux printemps"...
Inchaallah...

mardi 2 mai 2017

Dieu m'a donné un coeur





  Hak Bir Gönül Verdi Bana



Hak bir gönül verdi bana

Ha demeden hayrân olur

Bir dem gelir şâdân olur

Bir dem gelir giryân olur



Bir dem sanasın kış gibi

Şol zemheri olmuş gibi

Bir dem beşâretden doğar

Hoş bağ ile bostân olur



Bir dem gelir söyleyemez

Bir sözü şerh eyleyemez

Bir dem dilinden dür döker

Dertlilere dermân olur



Bir dem çıkar arş üzere

Bir dem iner taht-es-serâ

Bir dem sanasın katredir

Bir dem taşar ummân olur



Bir dem cehâletde kalır

Hiç nesneyi bilmez olur

Bir dem dalar hikmetlere

Câlînus u Lokmân olur



Bir dem dev olur yâ peri

Vîrâneler olur yeri

Bir dem uçar Belkîs ile

Sultân-ı ins ü cân olur



Bir dem varır mescidlere

Yüz sürer anda yerlere

Bir dem varır deyre girer

İncil okur ruhbân olur



Bir dem gelir Îsâ gibi

Ölmüşleri diri kılar

Bir dem girer kibr evine

Fir'avn ile Hâmân olur



Bir dem döner Cebrâil'e

Rahmet saçar her mahfile

Bir dem gelir gümrâh olur

Miskin Yunus hayrân olur


Yunus Emre







L'instant arrive 

Dieu m'a donné ce coeur.

Un instant, il admire et s'éprend

 - Puis-je m'écrier ?

- S'éprend de quoi ?

J'étreins joyeux puis je pleure effondré.

Mon coeur : un instant, c'est l'hiver et je tremble de froid.

Un instant ? Mais voici le temps des grappes, des bosquets. vraiment, j'exulte. Un instant. Je suis muet. J'oublie. J'ignore. Puis-je dire un mot? Qui donc, alors, m'animerait?

Maintenant je suis un géant fabuleux, le prince des djins, un des rois de la terre. Je m'envole avec Belkis et, la nuit, fée ou éfrit, je hante des maisons ruinées.

Un instant ? je me prosterne, le front dans la poussière.

Un instant mon coeur: je ne vis qu'en prières, dans d'austères mosquées.

Je suis Jésus, mon coeur. Je ressuscite les morts. Dans l'instant, ma puissance est celle d'Haman ou de Pharaon. Je ne suis qu'orgueil, mon coeur.

Tourné vers l'Archange Gabriel, je voudrais répandre en tous lieux, en tous temps, les grâces et les bienfaits.

Donne, mon coeur, donne à l'instant ce que j'ai.

Mais l'instant , mon coeur, l'instant arrive.

Il survient cet instant des angoisses, celui , Younous, où je l'aime, où je n'aime que lui.

(Traduction Yves Régnier)

La Quête de l'Absolu




lundi 1 mai 2017

Veysel Karani / Uways al-Qarnî

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Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites




Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas 
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire, 
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, 
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face, 
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor HUGO   (1802-1885)