jeudi 28 décembre 2017
Djalal al-Din Rumî
"Djalal al-Din Rumî, le grand maître de la mystique soufie du XIIIe siècle, est peut-être pour moi le poète des poètes, parce qu'on le lit sans penser une seconde à la poésie.Il est plus attirant pour moi que la plus belle des filles. On devrait même m'arrêter parce que je le lis, parce qu'il me donne un sentiment d'ironie par rapport au monde. Le savoir est plongé dans le cœur de Rumî, ce qui fait que son cœur devient une toupie. Il fait ce que Maître Eckhart se contente de dire. Ses poèmes sont comme les gouttes d'eau qui jaillissent de la salade qu'on essore, la salade étant son cœur. Rumî est si épris de l'instant que c'est comme s'il était lui-même la source de Dieu.
C'est une étoile qui explose en projetant une bruine de diamants : il y a à la fois un chaos, un souffle comme celui d'une bombe, une grande destruction de tout, un éparpillement énorme et une unité absolue. Ce qui rend cette unité dans l'éclatement de tout absolument incontestable, c'est l'ivresse ou la joie. Lire Rumî, c'est être jeté en l'air avec les fusées de son écriture, comme la rose sort de la rose par son parfum. Tout se mélange et en même temps tout est à sa vraie place, comme au cœur d'une rose ou d'un cyclone. On dirait qu'il a traversé vraiment le ciel de la logique. Ce que j'aime dans sa pensée, c'est son mouvement, semblable à celui du va-et vient des abeilles entre la ruche et le pré qui peut se trouver à plusieurs kilomètres. Au fond, la ruche est un peu comme un monastère, fait de cellules minuscules, avec au-dessus le bourdonnement de la prière, et les abeilles sont un peu comme des religieuses. Il y a des milliers d'extases devant une ruche, qui sont comme une danse d'ivresse. Quant aux abeilles, elles sont comme des danseuses soufies, on peut aussi penser à elles comme à de grandes mystiques."
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Elle est si proche ton âme de la mienne
RépondreSupprimerQue ce que tu rêves, je le sais.
Les amis connaissent le tréfonds de la pensée de l'autre
Comment serais-je un ami loyal si je ne le savais pas?
L'ami avec l'ami est comme l'eau limpide;
En elle, je vois mes gains et mes pertes.
Si, une heure, tu te détournes de moi,
À l'instant même, je sens le fiel en ma bouche.
Heureux le moment où nous sommes assis, toi et moi
Différents de forme et de visage
Mais n'ayant qu'une seule âme, toi et moi.
Les couleurs du bosquet et les chants des oiseaux
nous conféreront l'immortalité,
Lorsque nous entrerons dans le jardin, toi et moi,
Les étoiles du ciel viendront nous regarder;
Nous leur montrerons la lune et sa lumière, toi et moi.
Toi et moi, libérés de nous-mêmes, serons unis dans l'extase,
Joyeux et sans vaines paroles.
Les oiseaux du ciel auront le coeur dévoré d'envie
dans ce lieu où nous rirons si gaiement, toi et moi
Mais la grande merveille, c'est que toi et moi,
blottis dans le même nid,
Nous nous trouvons en ce moment
l'un en Irak et l'autre au Khorassan, toi et moi.
Djalal al-Din Rumî
Merci pour ton cadeau
Merci à toi Dominique pour ce bouleversant poème. Même relu et relu ,il est toujours aussi neuf et percutant. D'une douceur extrême aussi.. Bien à toi aussi. Sylvie
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