samedi 22 avril 2017

De l'Advaïta Vedanta au Soufisme



De l'Advaïta Vedanta  au Soufisme



 / بِسْــــــــــــــــــمِ اﷲِالرَّحْمَنِ اارَّحِ


BismillahirRahmanirRahîm,

Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux,
Le Tout Miséricorde,

Introduction

      Je me devais de tenter cet essai après avoir vécu au cours de mon parcours spirituel un changement de voie.. Tout  d'abord engagée auprès de mon premier maître Arnaud Desjardins, qui enseignait l'Advaita Vedanta, j'ai ensuite rencontré mon deuxième maître H. Nur Artiran,  de la voie Mevlevîe soufie de Hz Mevlânâ Djâlâl-Od-Dîn Rûmî.
Ce qui apparaît au premier abord comme un changement est en fait une continuité. Je voudrais faire "un point" sur mon parcours, un "pont" même,  cherchant à m'unifier et à ressentir qu'il n'y a "qu'une seule vérité".
J'espère aussi que cet exposé pourra permettre à des personnes de faire connaissance soit avec l'Advaïta Vedanta et l'Adhyatma Yoga,  soit avec  le Soufisme.

 1-Svâmi Prajnânpad et son enseignement,
Advaita Vedanta et Adhyatma Yoga.

 L'enseignement d'Arnaud Desjardins,  est celui de son maître Swamî Prajnanpâd. 
De formation scientifique et traditionnelle, cet homme exceptionnel a opéré une synthèse Orient-Occident ; il a éclairé par de nouvelles interprétations la tradition indienne la plus ancienne de l'Advaita Vedanta  et a utilisé la psychanalyse, qu'il a connu dès 1922 par les livres de Freud, pour lever les obstacles dus à l'histoire personnelle et permettre au disciple d'avancer sur le chemin spirituel. 

L’Advaita Vedānta
 est la forme la plus répandue de la philosophie du Vedānta. Advaita signifie littéralement « non deux » et se traduit le plus souvent par non-dualité, car il y a  non différenciation de l'individualité ou l'âme individuelle (jīvātman) et de la Totalité (Brahman) qui est neutre.  
L'enseignement pratique de Swami Prajnanpâd porte le nom d' 

        Adhyatma Yoga:   

Le  mot «Yoga» veut dire « union, joug ».
 Le Yoga est devenu, particulièrement en Occident, une discipline visant, par la méditation, l'ascèse morale et les exercices corporels, à réaliser l'unification de l'être humain dans ses aspects physique, psychique et spirituel.
 Cette «Union», c'est le souvenir de tous les instants entre l’âme individuelle et l’Âme Suprême.
Le mot "joug"évoque la soumission de l'ego à l’Âme Suprême. 

L' Adhyatma Yoga
signifie "le yoga en direction du Soi." Il fait partie du Jnana Yoga, "le Yoga de la connaissance". 
C'est par la connaissance de soi que l'on arrive à la connaissance du Soi, de l'Atma, de la Réalité Suprême. 
Le Soi, est à réaliser par la
 pratique de la Non-Dualité.
"Dire oui à ce qui est"
"Etre un avec"

Telles sont les phrases clés de l'enseignement de Swamî Prajnanpad et d'Arnaud Desjardins.
Par l'acceptation de ma souffrance, il n'y a plus "moi et ma souffrance" (la dualité).
"Il n'y a plus que la souffrance, et il ne reste plus personne pour souffrir."
"Il ne peut plus y avoir qu'un sentiment stable de paix, de béatitude, d'amour- L'amour réel qui est l'expression de la non-dualité"


Arnaud Desjardins, A la reherche du Soi, L'Atma p 107/ 108





 La Réalisation Ultime  

Les termes employés pour désigner cette réalisation ultime sont variés. En particulier, Arnaud Desjardins savait qu'il s’adressait à un public de croyants, de non-croyants, tous en recherche de la Vérité, mais tous différents. 
Aussi disait-il souvent:
 "La Réalité Suprême, l'Atma, La Vie Éternelle, Le Royaume des Cieux, Dieu, Allah, La Béatitude, ou La Plénitude... Appelez-la comme vous voudrez"
Il s'agit de désigner un même but, une même Réalité.


Le Chemin : Adhyatma Yoga, et Jnana Yoga 


Le chemin, lui, est différent selon les voies. Pourtant, il y a des composantes incontournables. 


La vigilance
L'acceptation


Mais la compréhension de la voie est essentielle. Ainsi ,
- le premier pilier
de la voie proposée par Swami Prâjnanpâd est

La Science du Vedanta ( Vedanta Vijnana).

"Swamîjî m'a dit un jour que l'Adhyatma Yoga était fondé sur quatre piliers: vedanta vijnana, manonasha, chitta shuddi et vasanakshaya. Vasanakshaya signifie érosion du désir, chitta shuddi, purification de la mémoire ,  manonasha, destruction du mental, et vedanta vijnana, science du vedanta."
 * Arnaud Desjardins Le Vedanta et l'inconscient ( p56)


Ce premier pilier indique que  cette voie,
le "Yoga de la connaissance",
"ne comprend en principe ni prière, ni culte, ni office, ni rite"
*  p 58
Le mot "connaissance " peut être mal compris,
"comme s'il s'agissait  d'une connaissance habituelle, celle que nous avons accumulée à l'école. Pourtant il s'agit bien d'une connaissance, (...) une connaissance de "Cela" qui une fois connu, fait que tout le reste est connu. Si, en tant que chimiste, nous connaissons le secret de l'eau, nous connaissons le secret des vagues sans exception (...). Ce Yoga de la connaissance, c'est celui de la connaissance de la Réalité", c'est-à-dire de Cela qui est en soi, qui ne dépend de rien d'autre que ssoi-même, qui n'a ni commencement ni fin. (...)"

* p 58


" Avoir des connaissances, en matière de Vedanta, ce n'est pas la Connaissance. La connaissance se confond avec l'être . Ce n'est pas une connaissance qu'on a, c'est une connaissance qu'on EST" 

* p59 

      La fonction qui nous permet d'approcher cette connaissance c'est la buddhi  (la vraie intelligence) et aussi ce qu'on appelle viveka, la discrimination.
La méthode en elle-même consiste clairement à se "dés-identifier" des pensées, des émotions, des sensations, qui sont des revêtements du Soi. En se posant la question "qui suis-je?"

- Trois autres pilliers:
Chitta Shuddi, la purification  de l'inconscient, Manonasha, la destruction du mental,  et Vazanakshaya, l'érosion du désir

" Le mental, c'est le fonctionnement du psychisme, par lequel nous vivons dans "notre" monde au lieu de vivre dans "le" monde . "
* p125
" Personne ne vit dans LE monde, chacun vit dans SON monde"
 C'est l'ego qui est en cause. L'ego s'approprie tout.
"Tout ce que nous approchons, que nous découvrons,nous le découvrons à travers notre ego. (...) vous pouvez considérer l'ego et le mental comme synonymes"

"L'ego vous suit partout. Il est toujours là avec son espérance: Est-ce que je vais y gagner quelque chose? (...) Il aime ou il n'aime pas"
*  p126
"L'effort que nous ferons pour sortir de notre monde nous amènera à mesurer ce qui rend notre tâche difficile, et vous serez naturellement amenés à comprendre qu'une grande part de ce qui vous maintient dans ce monde est enfoui dans l'inconscient"

* p 128
Ainsi la nécessité de Chitta Shuddi , la mise à jour de l'inconscient. Mais il ne s'agit pas d'une démarche psychothérapeutique, même si elle y ressemble. C'est bien une démarche spirituelle, dont le but est de voir la Réalité non déformée par le mental.
Donc ces deux aspects, destruction du mental, et purification de l'inconscient, sont étroitement liés.
"Manas", le mental: c'est "ce qui vous empêche de vivre ici et maintenant"
* p 134
Un des moyens les plus efficaces pour la destruction du mental c'est d'être inlassablement dans un effort de vigilance pour vivre l'instant présent. "Manas", le mental, c'est "le menteur", celui qui superpose une deuxième réalité à celle de l'instant présent, qui crée une dualité, on peut aussi l'appeler le "malin", le diviseur, le diable. 

Le mental se réfère au passé, ou bien se projette dans l'avenir. Vivre l'instant présent est non seulement la clé du bonheur, mais aussi une arme efficace pour se purifier, se nettoyer. 

Et l'érosion des désirs? Le quatrième pillier? Arnaud Desjardins explique que nos désirs , qui proviennent souvent de l'inconscient,font partie de "notre monde", et nous coupent de la réalité . Les mettre à jour, avec honnêteté, fait partie des efforts à faire sur le chemin. Pour les "neutraliser", il est possible de chercher à en accomplir certains, d'une manière consciente et dans le respect des autres. L'efficacité est plus grande si la démarche est consciente. Arnaud Desjardins parle d'"habilité". 
Le but est bien-sûr de toujours rester dans l'instant présent, qui est la seule réalité, de ne pas se projeter sur l'avenir ou rester dans le passé, avec des peurs et des attentes. 

"Dire oui à ce qui est"


La soumission, c'est la soumission à la réalité de l'instant présent, sans attente, sans peur. 

Bien-sûr en en venant à ce point comment ne pas évoquer l'Islam, qui veut dire littéralement "soumission"? 

Je pourrai encore beaucoup dire sur l'enseignement d'Arnaud Desjardins, mais je voudrais assez vite en venir au fil conducteur qui me mena vers le soufisme. 

2- L'amour... le  fil conducteur.

Je me souviens d'avoir posé une question à un des proches disciples d'Arnaud Desjardins: "Est-ce que , si je ressens de l'amour en moi, cela peut être un critère qui pourrait me faire sentir  que je suis bien dans l'acceptation?" 
La réponse fut "oui" ...
Accepter,"dire oui", c'est voir les choses d'une façon neutre. Mais cela ne veut pas dire sans amour :
"C'est neutre et cela me laisse neutre. Dès que cette neutralité est atteinte, apparaît le sentiment. Les émotions ont disparu, et apparaît ce que j'appelle, pour le distinguer des émotions, le sentiment, c'est-à-dire l'amour, la compréhension, la compassion." 

Il y a toutes sortes d'amour, à plein de niveaux différents. La langue française ne connaît qu'un seul mot pour désigner toutes ces formes d'amour. En grec ancien il y a trois mots qu'Arnaud Desjardins nous citait souvent.En arabe, il y en a, paraît-il  .. 100!
Tout en moi était mélangé.

Pour que je ressente un jour ce que pouvait être l'amour de Dieu, il m'a fallu traverser un long chemin de silence, où il n'y avait plus que Lui.

Cela arriva peu à peu, jusqu'à ce que je le vive comme une évidence.
C'est à ce moment là que je rencontrais mon deuxième maître, Hayat Nur Atıran. 

3- La question de la souffrance 

Avant d'en venir à un exposé du soufisme, de ce que j'en ai compris à travers mes faibles moyens, je voudrais évoquer un point qui m'avait  semblé au premier abord être abordé d'une façon contradictoire dans les deux voies spirituelles exposées ici. C'est la question de la souffrance. 

Dans la voie de l'Adhyatma Yoga, la question de la souffrance avait des aspects liés au mental. Le mental, l'ego, en refusant la réalité, crée une souffrance, qui est "la souffrance du refus". Bien-sûr l'ego n'y peut rien, il est "destiné" à vivre ainsi, c'est sa "nature". 
Etre heureux, c'est donc ne plus vivre dans le refus, dans cette souffrance de vivre dans la dualité.
Ce qu'Arnaud Desjardins arrivait très bien à nous démontrer, c'est que même l'ego aspirait à l'unité en voulant satisfaire le moindre de ses désirs. Un désir accompli efface la dualité entre la réalité et le rêve. Les deux se rejoignent, et nous "goûtons" véritablement à un moment d'unification, de béatitude, un véritable avant goût du paradis.
Comme cela ne dure pas, l'insatisfaction revient, et nous repartons sur le chemin de la quête de la satisfaction de nos désirs.
Un jour le désir nous apparaît tout simplement comme le désir de Dieu, d'union avec Dieu.

C'est une grâce divine, qui engendre de la gratitude. 

La souffrance a pour origine un refus de la réalité, certes, mais elle provient aussi  d'une immense et intense nostalgie de l'union avec le divin.

Le soufisme permet d'entretenir ce "dialogue amoureux", qui maintient la "plus fine pointe de notre âme" en état de vigilance constante, soutenue par le feu amoureux. 
Découvrir en nous cette perception amoureuse de la Réalité est une bénédiction. 

Arnaud Desjardins insistait beaucoup pour que nous osions ce geste amoureux:

"Il ne s'agit pas d'accepter la souffrance, il s'agit de choisir la souffrance, la souffrance qui est là."
*p 217
"Souvenez-vous: comment échapper à la fournaise des enfers ? - Sautez dans les flammes là où elles sont les plus hautes"
*p 237

Comment face à de telles phrases ne pas en venir à un chemin mystique, un chemin d'adoration intérieure de Dieu? 

La mystique Chrétienne rejoint la mystique Soufie, c'est un chemin amoureux vers le Bien-Aimé qui est Dieu:

Tard je t'ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t'ai aimée ! mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi et j'étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c'est au dehors que je te cherchais ; je me ruais dans ma laideur sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi, retenu loin de toi par ces choses qui ne seraient point, si elles n'étaient en toi. Tu m'as appelé et ton cri a forcé ma surdité ; tu as brillé et ton éclat a chassé ma cécité ; tu as exhalé ton parfum, je l'ai respiré et voici que pour toi je soupire ; je t'ai goûtée et j'ai faim de toi, soif de toi ; tu m'as touché et j'ai brulé d'ardeur pour la paix que tu donnes.

Saint Augustin


J'ai découvert l'âme des âmes
qu'on vienne piller cette âme
je me suis détaché des pertes comme du gain
qu'on vienne piller mon bien.


Je me suis détaché de moi-même
j'ai déchiré le voile de mes yeux
et je suis parvenu au sein de l'Ami
qu'on vienne piller mes doutes.

Mon moi s'est détaché de moi-même
l'Ami a pris possession de tous mes biens
tout m'est ami , celui qui donne comme celui qui reçoit
qu'on vienne piller mes vers .

Je me suis désintéressé de tout
et j'ai volé vers l'Ami
je suis tombé devant la cour de l'amour
qu'on vienne piller mon oeuvre.

Las de la dualité
j'ai goûté au festin de l'Unité
j'ai bu le vin de souffrances
qu'on vienne piller mes remèdes.

C'est parce que mon être s'est mis en route
que l'Ami est venu vers nous
le cœur dévasté s'est illuminé
qu'on vienne piller mon univers

J'ai renoncé à tout désir
je suis las de l'été de l'hiver
j'ai rencontré le maître des jardins
qu'on vienne piller le mien

Comme tu dis bien Yunus
tu as mangé sucre et miel
j'ai trouvé le miel des miels
qu'on vienne piller ma ruche.

Yunus Emre

Mais que propose le soufisme de différent par rapport à la voie d'Arnaud Desjardins, et en particulier le soufisme de la voie Mevlevîe de Mevlânâ Djâlâl-Od- Dîn Rûmî? (Roumi)

4- Qu'est-ce que le soufisme?

Je ne peux que m'excuser à l'avance de prétendre répondre à une telle question. Je voudrais juste exposer ma modeste compréhension, pour unifier ma pensée, espérant que cette intention est juste et pourra être utile à d'autres.

Le soufisme est le cœur de l'Islam, qui est le troisième religion révélée par un prophète, Le Prophète Muhammed ( Sur lui le Salut et la Paix).

Au moment de la naissance de l'Islam, il n'y avait pas de soufisme. Les compagnons du Prophète  qui continuèrent à transmettre le message de l'Islam étaient toujours dans la pureté originelle de ce message, qui est avant tout un message d'amour.
C'est lorsque ce message a été peu à peu déformé et oublié que ceux qui restèrent "purs" se retrouvèrent, se regroupèrent autour d'un Maître pour continuer à transmettre cette lumière trouvée dans le cœur du Prophète Muhammed( S. S. P)

Le Prophète Muhammed est "le sceau des Prophètes", venu pour parachever les hautes qualités morales. Incarnant ces qualités, Le Prophète Muhammed sert d'exemple et est vénéré. C'est un acte d'adoration qui conduit à essayer de parvenir à ces hautes qualités morales. Elles ne peuvent venir qu'après un chemin de purification, de soumission, vécu dans le Souvenir de Dieu ( la vigilance), à chaque instant.

Le but Ultime est l'Union avec Dieu.

Je retrouve tout de suite à travers ces premières définitions les bases de la voie d'Arnaud Desjardins: le but, qui est de découvrir la Réalité Suprême, le chemin , qui est de se soumettre à la volonté divine, donc à "ce qui est", d'être dans le "non-deux", de se purifier aussi, par la vision de la vérité, par l'effacement de l'ego.


Le Coran, et les pratiques religieuses.

Le Saint Coran est la Parole même de Dieu. Pour un croyant, et un musulman, cela ne fait aucun doute. Il y a des niveaux de compréhensions différents  du Coran, qui font que sa lecture requiert l'aide d'un maître. Dans le Coran, comme dans toute chose, il ne faut pas s'attacher à la forme, à l'apparence. Le maître dit ce qu'il y a à comprendre au-delà des mots.

C'est le rôle des maîtres d'une lignée, et Hz Mevlânâ Djâlâl Od-dîn Rûmî est l'un de ceux qui ont su nous offrir cette guidance. A travers son oeuvre principale, le Mesnevî, ou le Mathnawî, Djâlâ-Od Dîn Rûmî a principalement commenté le Coran. A chaque page nous pouvons en découvrir un verset, commenté, illustré par des histoires.
Le niveau de compréhension du Mesnevî lui-même n'est pas accessible à tout le monde, et nécessite aussi d'être guidé par un Maître, dans la même lignée.

Ainsi en est-il de la très Estimée Hayat Nur Artiran qui a reçu la  charge de pouvoir commenter le Mesnevî, c'est-à dire d'enseigner la voie spirituelle de l'Islam au plus près de son essence. 

Les pratiques spirituelles associées au soufisme sont celles qui sont propres à tout musulman, et qui sont prescrites dans le Coran. Il s'agit des 5 piliers de l'Islam.  L'esprit de ces pratiques, leur intention, leur signification sont bien-sûr éclairées par la lumière des maîtres, mais en tout premier lieu par les Hadis (paroles) du Prophète Muhammed (S.S.P.).
Mais il y a aussi d'autres pratiques dans les voies soufies, appelées pratiques "surérogatoires", prescrites par le maître lui-même à son disciple. 

Toutes les voies soufies préconisent le "Dikr" , ou "Zikr", et c'est un point clef.
Celui-ci est accompagné par une pratique rituelle, corporelle, utilisant le souffle, la voix, la danse, le chant, les balancements, ou bien juste la récitation intérieure, en silence, des noms de Dieu. 

Tout est dans le souvenir de Dieu, d'Allah.
Se souvenir d'Allah c'est ne plus laisser l'ego mener le jeu. Ce qui s'en suit dépend de nos efforts, mais surtout de la grâce de Dieu.
Les conséquences du Zikr:  
L'attention est portée sur Dieu, non sur notre monde égotique.

Lorsque j'ai évoqué l'enseignement d'Arnaud Desjardins, j'ai montré l'importance de vivre dans un état de vigilance constant, de vivre dans l'instant présent, ici et maintenant. Et d'être sans cesse dans un état d'acceptation de la réalité. 
C'est tout-à-fait ce que je retrouve dans le soufisme.

Arnaud insistait sur "le regard témoin", observant ses pensées, pour ne pas être "emportées par elles". Ni par nos pensées, ni par nos émotions.
"Toutes les émotions proviennent de l'enfance",
disait Swâmî Prajnânpad. 
Un effort constant d'observation et de "dés-identification":  
"Je ne suis pas cette pensée, cette émotion"..

Avec la voie soufie j'ai découvert une autre façon de me positionner face à mes pensées. Cela reviendrait presque à les ignorer, mais ce n'est pas possible. Disons que cela revient à les relativiser face à  nos plus belles pensées, qui sont celles qui émanent de Dieu (et non de notre Nefs ou ego). 
On prend donc la démarche dans l'autre sens , en nous positionnant d'entrée de jeu comme des "serviteurs", des créatures soumises à leur Seigneur, Lui devant la vie, l'existence, la subsistance, et surtout notre vie éternelle, nous en venons ainsi à développer en nous des sentiments d'humilité, de gratitude, de contentement, de tolérance,  qui sont les "hautes qualités morales" incarnées par le Prophète Muhammed (S.S.P.).

L'attention est portée sur ce qui beau, noble, vrai. Ainsi l'esprit ne court-il pas le risque de s'attarder sur les innombrables défauts, imperfections, de l'être humain, sur ses conditionnements, sa "psychologie". 

Je note simplement une différence "d'approche" qui a eu de l'importance pour moi.

C'est comme de détourner son regard de ce qui est imparfait et non-noble, pour voir la beauté qui est en chacun de nous. En portant l'attention sur une chose, on l'amplifie. Le regard influence la chose regardée. Même des scientifiques ont démontré cela. 
Arrêter de regarder "ce qui ne va pas", c'est comme arrêter de mettre des bûches dans du feu, c'est éteindre ce feu.


       Hazreti Mevlânâ Rûmî dit ceci: 

Ô frère, ton être est à l’image de ta pensée, 
Pour le reste tu n’es que des os et des nerfs. 
Si ta pensée est une rose, tu es comme un parterre fleuri de roses
Mais si elle est  faite d’épines, tu n’es que ronces à brûler.

Voici comment H. Nur Artiran commente ces vers de Hz Mevlânâ :
(Emission de télévision turque ayant pour titre "L'Amour ressemble à un procès" , du nom de son premier livre):

"Dans les paroles de Hz Mevlânâ, il s'agit des pensées ayant trait au Divin, il s'agit d'être détenteur de pensées positives (Hüsnü zan). Les autres (formes de) pensées, qui ne sont pas positives (favorables), ce sont des qualités animales . Ceux qui n'ont pas de belles pensées, "il leur reste des os, de la chair et des poils" (dit-il), ceux qui n'ont pas l'état d'être "positif " (Hüsnü zan), ou bien ceux qui ont des pensées sans être dans cet état d'esprit favorable, sont dépeints comme ayant des qualités animales."

« Tout ce que nous sommes, est le résultat de ce que nous avons pensé. »  
dit Bouddha

La constante attention portée vers Dieu, l'Adoration , la Vénération, sont ce que nous pouvons vivre de plus heureux sur un chemin spirituel. Je pense que même des non-croyants peuvent le vivre en cultivant en eux un état de joie et de compassion ( bouddhistes). 
D'ailleurs cette Adoration, cette Vénération, ne vont pas sans cette joie,et cet état heureux.


J'ai trouvé avec bonheur dans cette voie soufie une voie pour éviter le piège de la plainte, à travers une soi-disante "connaissance de soi" qui menait à une "complaisance de soi" (je parle pour moi);
Je ne critique pas la voie d'Arnaud Desjardins, loin de là, je pense à lui avec tellement de gratitude.

Le rôle du Maître est tellement vital, essentiel. Malgré cette évidence montrée par l'exemple du Prophète Muhammed (S.S.P.), malgré l'exemple donné par mes deux maîtres , malgré l'injonction "soyez heureuse" donnée à trois reprises par trois maîtres sur mon chemin, je continuais de me plaindre.

Cette phrase " Sautez dans les flammes là où elles sont les plus hautes! ", qui me plaisait tant, l'ai-je appliquée en réalité ?

C'est l'amour intransigeant de mon deuxième maître Nur Artıran qui me permis de "choisir la souffrance", et donc de choisir d'être heureuse. Ce n'est qu'un premier pas, je ne peux que me sentir débutante sur la voie.


Allez avance, choisis pour toi la douleur de l'amour, choisis la douleur de l'amour, choisis la douleur de l'amour! Car pour retrouver le Bien-Aimé moi je ne connais pas d'autre remède. Ne rétrécie pas ton cœur, disant que tu n'as ni biens, ni possessions, ne t'attriste pas! Si jamais tu es sans peine et sans douleur, attriste-toi de cela, car sur la voie de Dieu être sans douleur est un fléau.

Hz Mevlânâ Djâlâl-Od-Dîn Rûmî
Rubai

Les efforts permettent de maintenir une attention constante à ce qui est beau. La beauté est aussi un élément très important dans cette voie,elle est retrouvée dans la pratique des arts, tels que la calligraphie, la peinture stylisée (motifs floraux ou autres), le marbrage, la musique... 

Puis ces efforts, emprunts d'humilité, permettent à Dieu de faire son oeuvre en nous. Etre comme de la terre pour que Dieu puisse semer une graine en nous. 

La grâce divine est possible, visible, tangible, concrète elle suscite l'émerveillement, et plus on y fait attention, plus on la voit.
Le critère qui nous permet d'avancer pas-à-pas, et qui ne pardonne pas, c'est l'amour. Tranchant comme une épée, face au visage du Bien-Aimé (et aussi celui du maître), l'amour fais reculer l'ego, le fait mourir à petit feu. Peu à peu, le cœur du disciple s'emplit d'amour, et le prouve par son ardeur à servir. Il n'a plus le choix. Il devient un esclave de l'amour. Un serviteur. On dit "kul", c'est-à-dire esclave.



Ainsi : L'amour ne souffre aucun manque d'amour


Etre sur la voie de l'amour ne donne pas le choix : ou il y a de l'amour, où on s'en va!  
C'est donc une voie radicale, directe. 
C'est le plus court chemin qui mène à Dieu.

Le premier livre de mon maître H. Nur Artıran s'intitule "L'amour ressemble à un procès". Ce titre est en fait un extrait d'un "beyit", ou distique, de l'oeuvre de Hz Mevlânâ Djâlâl-Od Dîn Rûmî , le Mesnevî (ou Mâthnawî). 
Voici une partie du distique : 

" L'amour ressemble à un procès. Les tourments (subis) en sont les témoins. As-tu jamais vu un procès se gagner sans témoins ? 
Je suis stupéfait devant celui qui s'enfuit par peur, alors qu'il s'efforce de trouver un bonheur intemporel "

(Traduction  de Éva de Vitray  Meyerovitch : "L'amour est comparable à un procès : subir de rudes traitements est comme la preuve : faute de preuves, on perd le procès. Je suis stupéfait devant celui qui recherche la pureté et qui au moment du polissage tremble d'être manié rudement " )

Pourquoi l'Amour ressemble-t-il à un procès?   

"Pour le comprendre, il faut revenir à l'origine de l'Amour, au point de commencement."
dit H. Nur Artıran (dans l'émission de télévision consacrée à ce thème).
(Nous citons très souvent )  le Verset 172 de la Sourate Araf , car il s'agit du Verset qui recueille  et (nous) rappelle toutes les responsabilités que nous avons dans ce monde, ainsi que les raisons de notre existence.
Voici comment  les grands Maîtres spirituels ont  présenté le Verset  172 de la Sourate Araf: Notre Seigneur a créé toutes les âmes, celles qui sont apparues et celles qui apparaîtront, puis il les a rassemblées, et leur a dit " Elestu Rabikül" : "Ne suis-Je pas votre Seigneur ?"
Puis toutes les âmes, passées et à venir, en répondant toutes ensemble "belî", ou "bela", "oui",  ont certifié (ratifié) que Notre Seigneur était leur Seigneur, et qu'elles en étaient bien le serviteur (kul) (la créature) .

Puis le verset continue ainsi: "Si nous avons conclu un tel pacte avec vous .. si nous vous avons demandé "Ne suis-Je pas votre seigneur", et que vous avez répondu "bela", c'est pour que vous ne disiez pas par la suite "Nous ne savions pas, nous étions dans une société ignorante, entre les mains d'une famille où se trouvaient des polythéistes, allez-Vous nous demander des choses que nous ne pouvions pas savoir ?".

Voici donc l'explication: Notre Seigneur dit : "J'ai obtenu de vous votre parole pour que vous ne Me disiez pas:" Nous ne savions pas, nous avons été élevés dans une société qui ne savait pas, allez-Vous nous demander des comptes alors que nous ne savions pas ?"
"Et maintenant Je vous demande: " ne suis-Je pas votre Seigneur?"

Et toutes les âmes ont répondu "beli", " Vous êtes notre Seigneur".

Maintenant ... nous allons passer à la dimension du soufisme (Pour le verset, tout a été dit)...

 L'Amour s'est manifesté à ce moment là,
pour la première fois.

Hz Mevlânâ, en racontant cet instant, dit: "Moi je suis encore dans l'ivresse de ce monde éternel. Ce n'est pas seulement moi... Si sur cette terre il y a une seule personne qui est dégrisée ( dé-saoulée), qui n'est pas ivre, alors je suis ( un homme) sans foi."
"Toutes les âmes, à ce moment-là, ont proclamé, manifesté (par une grande exclamation), la grande ivresse qu'elles ont vécu, et comment elles sont "tombées en Amour" de Notre Seigneur.
Et moi je suis dans cet Amour.
Si sur cette terre il y a une seule personne sobre, je suis un homme sans foi".

Ainsi, l'amour qui s'est manifesté à ce moment-là  au fils de l'homme était l'Amour spirituel ( divin) (= Aşk) 

Lors de la déclaration  "Ne suis-Je pas Votre Seigneur ?" (en répondant "Beli"), les âmes ont goûté pour la première fois
à cet Amour.
C'était un tel Amour, un tel sentiment, un tel état d'ivresse, que personne n'avait envie de faire d'objection.
C'est dans cet état (d'ivresse), que les êtres humains ont été envoyés dans ce monde (comme l'explique Hz Mevlânâ). 
Hz Mevlânâ dit aussi ceci:
"Nous, à ce moment, nous avons dit "Beli " (oui).
"Oui, Vous êtes notre Seigneur".
Or cela est une promesse (un engagement) "

Je ne vais pas retranscrire toute l'émission consacrée à ce sujet, ni recopier tout le chapitre du livre consacré lui aussi à ce sujet (et qui de plus est le titre du livre)..

L'amour divin dont il est question est ce que nous allons découvrir au travers des épreuves. 
Arnaud Desjardins racontait souvent cette histoire: une personne lui demande un jour:
"Comment peut-on progresser malgré les difficultés que nous rencontrons dans la vie?" Arnaud a répondu " Comment peut-on monter à l'étage malgré les marches d'escalier?"



C'est  une promesse que nous avons faite; c'est une promesse que Dieu nous fait. 

Une grande qualité est mise en avant: la patience.

Les mots semblent à ce niveau impuissants à tout cerner, comprendre. La lecture des distiques, des Gazels de Hz Mevlânâ nous offrent des enseignements précieux à travers  une poésie que le cœur seul peut comprendre. Le cœur est l'instrument de connaissance.

Nous avions évoqué dans l'enseignement d'Arnaud Desjardins le rôle de la vigilance, de l'observation, et de la discrimination. 
La place de la raison (Akıl) est tout  aussi importante dans l'Islam et le soufisme. Voici un Hadith (parole) du Prophète Muhammed (S.S.P.):
La patience est un trésor parmi les trésors du Paradis.
La plus haute des pratiques religieuses est de patienter.
Le plus grand malheur provient de n'avoir que peu de patience.
La moitié de la foi, c'est la patience, l'autre moitié, c'est la gratitude.(...) 

 La patience pousse la personne à se repentir...

Le repentir. (Tövbe etmek)

Le thème du repentir a été aussi un très important fil conducteur dans ma démarche spirituelle.
 Se repentir c'est "se retourner", se tourner vers soi, changer la direction du regard. L’œil qui voit ne regarde pas à l'extérieur mais à l'intérieur. C'est l’œil du cœur. Lorsque la personne se repend elle veut demander pardon, naturellement. Le croyant demande pardon à son Seigneur. Ce geste de demander la rémission des pêchés est tellement naturel qu'on ne le voit plus. On parle de culpabilité, de fausse humilité. Pourtant n'y a-t-il pas là la vraie marque d'un être humain? 

Le sujet est délicat et je me sens bien ignorante pour pouvoir le développer. 
Le repentir (avec son ressenti) est un fil conducteur qui m'a menée vers une idée très haute de la pureté. 
Les soufis qui portent une robe blanche (derviches tourneurs) ne supportent pas la moindre tache sur leur robe. 
Vivre cela au fond de soi n'est pas facile, mais c'est une grâce.

S'adresser à son  Seigneur, à son Créateur, pour demander la rémission des pêchés, quelle en est la portée dans le soufisme , et comment  cela peut-il être compris du point de vue de l'enseignement du Vedanta?

J'en arrive à un point clé de mon exposé.

Je voudrais redire ce que je disais en introduction: il n'y a qu'une seule Vérité, et celle-ci est appelée de différentes façons. Je voudrais  montrer cela avec mes très modestes moyens. Comme nous l'avons vu, "Advaita" veut dire "Non-dualité", et l'enseignement de Swami Prâjnanpâd était de ne  jamais oublier que la dualité ne pouvait pas exister. Donc, à chaque situation, à chaque moment de la vie, se souvenir de cette "Non-Dualité". 
En particulier, ne pas laisser les pensées et les émotions créer une seconde réalité (créer "un second"  veut dire créer "un problème!). 
Et si nous n'y arrivons pas, si nous ne le faisons pas, que nous arrive-t-il?

Nous perdons alors de vue La Vérité, Notre But Essentiel, Notre Espérance, Notre plus chère Espérance.

Le soufisme nous ramène à vivre dans l'urgence en montrant l’exigence qui est sous-tendue derrière chaque parole du Coran. 
Ainsi , le plus grand des péchés est-il appelé "Şirk" (Shirk). C'est le seul péché qui n'est pas pardonné. 
De quoi s'agit-t-il?

Il s'agit de l’associationnisme. D'associer à Dieu, à Allah (à la Vérité), autre chose que lui-même. Il s'agit aussi de l'idolâtrerie. D’idolâtrer des idoles. 

Je vais reprendre les paroles de H. Nur Artiran à ce sujet ( émission de télévision "Ab-I Hayat" sur les péchés):  

"Pourquoi est-ce le plus grand péché".. Car face à lui, il n'y a pas de plus grand péché. Le polythéisme est Le plus grand péché. Cependant, pour pouvoir exprimer dans son sens exact ce qu'est le polythéisme, il est utile de connaître l'opposé du polythéisme.. L'opposé du polythéisme, le contraire, est le monothéisme, l'Unicité (Tevhid); ce qui veut dire que tout ce qui sort de la croyance en l'Unicité est dans le domaine du polythéisme. L'Islam, dans son ensemble, est une façon de vivre s'appuyant sur la croyance en l'Unicité. 
Autrement dit,  l'Unicité = l'Islam. 

Puisque l'opposé du polythéisme est l'Unicité, je voudrais à nouveau parler de l'Unicité, et citer quelques phrases; L'Unicité c'est, comme nous le savons, dire "Lâ illahe illallah", en tant que mots, mais au delà de ces mots, il s'agit de ne s'appuyer sur rien d'autre qu'Allah, de n'être confiant qu'en Allah, de ne donner son cœur qu'à Allah, de ne pas être accroché à la forme et aux apparences, et,..de ne pas être un ignorant .. en s'accrochant aux causes, et en leur donnant raison. 

La croyance en l'Unicité, c'est vivre tout ce que nous avons à vivre dans l'Unité. C'est se souvenir de Notre Seigneur pour toutes nos actions, nos pensées et nos paroles.

Ainsi nous avons dit que l'Unicité, c'est de ne pas s'attacher aux formes et aux apparences. Et, voyant les causes, ne pas leur donner raison, et ne pas oublier.

Hz Mevlânâ dit dans un Distique du Mesnevî:

"Allah est Beau, Il aime les Beautés. Allah est pur (propre), Il aime les purs. Allah est sans forme et sans apparence. Il désire aussi que Ses serviteurs soient sans forme et sans apparence".

Si, nous autres, nous voulons être proches de Notre Seigneur, nous devons absolument être sans forme et sans apparence..

Ce qui veut dire que nous ne devons pas nous accrocher à la forme et à l'apparence.

Si nous faisons attention à tous les événements que nous vivons, (nous voyons qu') il y a toujours  quelqu'un derrière... et nous ne pensons jamais que la causalité véritable vient de la providence divine, de Notre Seigneur.

Cela aussi est l'un des plus grands péchés d’associationnisme . 

Ainsi nous avons dit qu'il ne faut pas s'attacher aux causes. 
Maintenant.. l’associationnisme, d'un autre point de vue, c'est adorer des idoles. C'est pour cela que l'opposé du polythéisme , c'est le monothéisme. 

L’associationnisme c'est adorer des idoles, le contraire du monothéisme...les personnes qui ne sont pas dans l'Unicité.. dans quelle position sont-elles? Elles adorent des idoles... 

Hz Mevlânâ dit dans un distique du Mesnevî Sherif:

"Qu'est-ce qu'adorer des idoles? "

Il répond à cela:

"Si toi, tu restes dans la forme et les apparences, si tu prends des décisions en regardant l'apparence extérieure des gens, alors tu adores des idoles"
(...)
La plus grande idole est la personne même de chaque individu. C'est le moi, l'ego.
(...)
L'une des significations de l'Unicité (Tevhid), est:

"Allah est UN".. Il s'agit d'accepter qu'Allah est UN.

Et pour accepter qu'Allah est UN, (...) si on veut s'unifier à Allah, cela ne fait pas UN..

Pour s'unifier à Allah...devant cette Unicité, (...) il faut soi-même n'être RIEN! 

Et Shems- Tebrizi Hazretleri dit ainsi:

" Toi qui t'attache à nous en disant Moi! Moi! Moi! 

Quelle est donc cette façon de dire

qu'Allah est UN ?" 

Puisque Allah est UN, puisque tu dis "Allahu Ekber", puisque tu ne tombes pas dans le dualisme (l’associationnisme), puisque tu n'adores pas d'idole, pourquoi ne lierais-tu pas ton cœur à rien d'autre que Allah ? Pour être digne de cela, pourquoi est-ce que tu ne mettrais pas de l'ordre dans ta vie?

Hz Mevlânâ continue ainsi :

"Ce corps est comme une lettre envoyée à Notre Seigneur. Du moins les états d'êtres que tu as eu et les gestes (actions)...

Avant tout, toi, lis cette lettre. Si tu as associé à Allah quelque chose, si tu as adoré des idoles, si tu as fait cela et que c'est dit dans ta lettre.. effaces tout cela et écris une nouvelle lettre."

Maintenant je voudrais citer ces paroles de H. Nur Artiran (toujours dans la même émission):

"Je me souviens que c'est dans la Sourate Furkan (Al Furqâne)  Verset 43 (que) Notre Seigneur Allah dit "Ne faites pas une divinité de vos ressentis qui vont et qui viennent, de vos ressentis passager (mortels, périssables, de ce monde)".
Qu'est-ce que cela veut dire ? Ne vous attachez pas à vos propres émotions et pensées autant qu'ils apparaissent". C'est pour cela que le  plus grand "Shirk" de l'être humain est son propre corps, ses propres ressentis et pensées. Nous autres, lorsque nous en restons à la forme et l'apparence des événements du jour, qu'ils soient extérieurs ou intérieurs, essayant d'appréhender (de comprendre) les événements d'après cette forme extérieure et cette apparence, si nous suivons ces pensées et ces ressentis, tombant dans la dualité, et si nous tombons dans cette dualité dans cette société, c'est alors l'excellence (le summum) de l'adoration d'idoles, et de l'associationnisme (shirk) ! "

Je ne peux aller plus loin dans cet exposé.
Les mots de mes deux maîtres et surtout du Coran et de Hz Mevlânâ sont tellement éloquents que je n'ai pas besoin d'en dire plus. 
"Etre un avec ", comme le disait Arnaud, c'est "N'être rien".. C'est le début du chemin sur la voie Mevlevîe Soufie, c'est le "premier stade". 
Or comment pouvons-nous à ce point désirer "N'être rien?" par quel miracle cela est-il possible? 
Par le miracle de l'amour. 
C'est la voie de l'amour qui m'a emportée, comme une vague qui a reflué emporte une brindille posée sur le  sable, et l'emmène vers l'océan.

Qu'Allah agrée cette modeste contribution à Son Oeuvre d'Amour.

5 commentaires:

  1. Oh , ma douce amie !!! Quelle clarté !! quelle vision juste ... Nous sommes bien en communion de pensées ...

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  2. Quelle joie de sentir cette communion de pensée et de cœur ma chère Christiane! C'est sûrement pour ressentir cela que cet article a été écrit puis partagé! :))

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  3. Merci infiniment pour ce partage. Je me retrouve dans votre cheminement, car je vis la Reconnaissance et la Nourriture Consciente du Beau, et ça a été une grande révélation suite à l'enseignement d'Arnaud que j'ai suivit pendant plusieurs années. Ce nouveau Regard m'a d'ailleurs permis d'intégrer différemment les enseignements d'Arnaud.
    Je suis dans cette transmission aujourd'hui, et je Vois comme ce Regard est porteur de Joie.
    Je vous invite à découvrir "le maître et son attelage", livre tiré de cette façon de faire renversée. C'est un outil très aidant pour accompagner cette ouverture du Coeur par une Nourriture de Dieu.
    Namasté,
    Raphaël 🙏🏻.
    Neb: Si le coeur vous en dit : www.raphael-spirituel.fr

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    1. Une autre réponse suite à la découverte de votre site,page FB, et de la très belle vidéo où vous vous exprimez.J'y ai laissé un commentaire succin, trop succin, mais je n'avais en même temps rien à ajouter! Même si je suis passé de la connexion à l'arbre, à la connexion à Dieu, en vous entendant on comprend qu'il s'agit de la même démarche. D'un nouveau regard. Christian Bobin dit: "La tristesse ce n'est pas la pluie pas la douleur, pas l'ennui, pas même le mal d'amour. La tristesse, c'est le manque de Dieu, comme on dit le manque d'air ou d'argent. Une maladie de l'âme, un grave défaut de fraîcheur."
      (La vie passante). Merci d'avoir pris la peine de lire mon article et d'y avoir ajouté votre commentaire. Cela m'a permis de vous connaître. Je suis touchée. Merci encore. fraternellement, Sylvie

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  4. Merci pour pour votre message que je n'avais pas vu et ne découvre que maintenant, je suis désolée.Je note le titre du livre. Puisse le Bien et le Beau nous guider éternellement. Bien à vous, Sylvie

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