Rafraîchi par la pluie, le jardinet semble revivre, ivre de ses fleurettes et herbes folles. Oiseaux de toutes sortes, colombes, moineaux, pigeons, corneilles, mésanges, rouge-gorges, étourneaux, se disputent la place sans heurt, l'un cédant la place naturellement à l'autre. Je me trouve derrière la grille du jardin, qui donne sur la rue. Une rue passante, trop passante, ou rien ne laisse supposer que l'on pourrait s'y arrêter. Aucune boutique, pas d'entrée de maison, pas de café, juste une rue passante. Et entre deux longs murs une vieille grille en fer forgé, avec de jolis entrelacs, pouvant laisser passer un chat. Il en vient un de temps en temps, visitant les lieux comme on visite son royaume, vérifiant que tout est bien en ordre, sans y séjourner car il n'y a là qu'un bout de jardin sans abri, avec un peu de terre à retourner. Deux vieux arbres, un frêne et un châtaigner, plantés là par la providence, voisins l'un de l'autre à perpétuité. Sûrement, leurs racines s'entremêlent et échangent en permanence de subtiles messages. Ils ont d'ailleurs le même air renfrogné. Les branches se disputent l'espace autour de leur tronc, levant les bras au ciel dès qu'elles le peuvent, ouvrant leurs doigts aux mille feuilles pour cueillir les rayons du soleil. Le lierre les a enlacées toutes d'une étreinte définitive. J'aime surtout regarder le lierre, ses entrelacs, ses jolies feuilles aux tons de vert variés.
Personne n'entre plus dans ce jardin.
Seulement mon cœur, qui se rafraîchit et oublie le monde, et qui rejoint en douce l'autre monde...
Je reste là, le front contre la grille, les mains accrochées à elle. Soudain, l'orage gronde et emporte mon cœur dans un éclair de joie.
Il est parti si haut que je ne le vois plus. Il faudrait que je le rattrape. Mais c'est trop tard.
Je le laisse devenir ce jardin, ce lierre amoureux qui enlace ardemment ses branches. Ces feuilles folles qui tourbillonnent au vent, emportées jusqu'aux cieux. Je le laisse éclater de rire de ce vol vertigineux. Je n'existe plus. Mourir, c'était donc ça.
Je suis un petit jardin ébouriffé par le vent du printemps.
il fait bien envie ton joli petit jardin ...
RépondreSupprimerTu vas bien ?
C'est un jardin secret où nous pouvons nous retrouver...je vais bien ma tendre amie...J'espère que toi aussi! Je t'écris bientôt ..bises!
SupprimerNos jardins se ressemble et sans aucun doute ce message nous rattache . les Arbres accompagnent notre solitude sans la rompre . Merci
RépondreSupprimerMerci à toi Dominique.Cela est beau de partager un même jardin. Ce sont les âmes qui peuvent faire cela.Elles volent et se rejoignent. Les âmes, ou les coeurs. On ne sait pas bien dire, cela va plus loin que nous, c'est tout ce qu'on sait... Ce que tu dis sur les arbres est d'une grande beauté! Tu sembles bien les connaître..
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